
Hier soir nous sommes allés avec Scott et des amis voir la finale d'un concours de slam pour les jeunes de 13 à 19 ans.
Cette soirée a été organisée par Trip un ami de Scott qui est en train de créer un groupe Eracism (Erase Racism) à San Francisco. Il nous a donc proposé d'aller voir cette finale ensemble puisque le thème du racisme est souvent évoqué dans le slam.
Cela se passait au War Memorial Opera House, un superbe théâtre à l'ancienne avec les fauteuils rouges, les balcons, l'orchestre, un énorme lustre, une grande scène parquée, du rouge et or partout.
Brefr je ne vais pas vous parler de déco plus longtemps, ce n'est vraiment pas le plus important...
Le slam:
C'est une forme de poésie créé en 1984 à Chicago par Marc Smith, lui-même poète.
Au lieu de simplement lire le texte que le poète a écrit, il le "perform", l'interprète.
"The very word 'poetry' repels people. Why is that? Because of what schools have done to it. The slam gives it back to the people.... We need people to talk poetry to each other. That's how we communicate our values, our hearts, the things that we've learned that make us who we are."
Marc Smith
Cette forme de poésie fut crée par la population afro-américaine, mais de nombreux pays ont adopté le slam ne le limitant plus à cette seule population.
Le bagage culturel du slam le rapproche du hip-hop par la construction stylistique du texte. Les textes peuvent rimer ou ne pas rimer. Les règles sont assez flexibles.
Les thèmes:
Tous les thèmes sont autorisés, mais en général les poètes slammeurs viennent de quartiers difficiles ou dangereux et leur thèmes s'en ressentent. La drogue, la prison, le racisme, le viol, la violence, la discrimination en général, la guerre, le meutre, les armes...
Certains poètes disent simplement leur textes, d'autres dansent, chantent, ou font du beat-boxing ou des claquettes. Bref tout est autorisé dans le cadre artistique.
Le concours:
Ces jeunes avaient été sélectionnés après plusieurs étapes éliminatoires dans différentes villes de la Bay Area.
Chacun avait écrit ses propres textes. Ils avaient de 13 à 19 ans.
Pour la première manche, tout les jeunes poètes "slamment" leur texte. Ils sont notés sur 10 points par 5 jurys. La meilleure et la moins bonne note sont annulées ce qui donne au final une note sur 30.
Les meilleurs restent pour la deuxième manche où ils passent avec un autre texte noté sur 30 lui aussi.
Ensuite les deux notes obtenues en 1ère et 2ème manche sont additionnées (une note sur 60) pour le classement final. Les 7 meilleurs allaient partir pour un concours national de slam à Chicago.
Notre ressenti:
Bien sûr pour Guillaume et moi, c'était difficile car on ne comprenait pas toujours, tout allait très vite, et puis la façon de dire le texte ne facilite pas la compréhension pour nous autres étrangers... Les thèmes ne nous sont pas familiers non plus en général donc le vocabulaire nous manquait pour tout comprendre.
Mais à part ça j'ai beaucoup aimé. Parfois, même sans comprendre, j'en avais la chair de poule, en voyant à quel point les poètes étaient secoués par leur textes, en voyant à quel point dire ce texte leur était indispensable.
Je me suis dit que nous autres acteurs avions beaucoup à apprendre en terme de puissance, d'investissement, d'émotion. Mais aussi dans la façon de dire le texte, cette déclamation rythmée entrecoupée de respirations, d'accentuations sur certains mots. Et comment ces jeunes donnent leur texte au public entièrement. Cette générosité leur est bien rendue puisque le public encourage et réagit à tout ce qui le touche pendant le slam, est très "bruyant" avant et après le slam. Et puis aussi de se dire que ces jeunes de 13 à 19 ans avaient autant de choses à dire sur tous ces thèmes, même politiques!
Bref une superbe expérience culturelle, linguistique, artistique. Une bonne claque!
Un lien pour vous vous rendre compte de ce qu'est le poetry slam

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