
Encore la semaine dernière j'ai lu quelques pièces de cet auteur que je connaissais de nom déjà en France.
Il est américain mais est très populaire à travers le monde et en particulier en France qu'il affectionne beaucoup. Il y est même l'auteur américain le plus joué.
Ses 50 pièces sont traduites et jouées dans plus de 30 langues.
Israel Horovitz:
Auteur américain de pièces de théâtre et scénariste.
Il est né en 1939 dans le Massachusetts aux États-Unis. Il fait d'ailleurs beaucoup référence à cet endroit dans les pièces que j'ai lues. Il a écrit sa première pièce à 17 ans.
De nombreux acteurs connus ont joué ses pièces ou joué dans les films dont il avait écrit le scénario: Al Pacino, Diane Keaton, Gérard Depardieu, Jane Birkin, Claudia Cardinale, Jamie Lee Curtis...
Il a également crée le New York Playwrights Lab et la Gloucester Stage Company.
Inspiration:
Il est inspiré par le théâtre américain des années 50, celui d'Arthur Miller, d'Edward Albee (dont je vous ai déjà parlé) et d'August Wilson. Il est aussi inspiré de Ionesco et de Beckett.
Il écrit sur des sujets d'actualité ou des sujets que l'on connait bien (le 11 septembre, la shoah). Son écriture est réaliste. Il s'amuse en écrivant pour le théâtre en donnant des indications de mise en scène très drôles et efficaces, parfois un peu farfelues.
Bref un vrai coup de coeur pour son écriture très sensible, drôle et touchante, parfois même bouleversante. Des histoires qui interrogent les liens qui peuvent unir certaines personnes sans même qu'elles le sachent. Des liens heureux mais aussi douloureux. Une reflexion sur le passé et sur l'avenir, sur l'histoire et l'Histoire.
« Israël Horovitz est à la fois réaliste et sentimental. Je vous laisse donc imaginer à quel point il peut être féroce." Eugène Ionesco
Mes lectures:
-The Primary English Class:
Une classe d'anglais niveau débutant dans laquelle pas une seule personne ne parle la même langue. Les différentes langues se croisent, le chinois, le japonais, le français, l'italien, l'allemand... et bien sûr l'anglais que seule le jeune professeur parle , une américaine qui se démène pour enseigner.
A chaque fois qu'un élève parle, dans sa langue maternelle donc, une voix off venant du public, traduit en anglais ce qu'il vient de dire, discrètement pour ne pas interrompre le dialogue sur scène.
Les incompréhensions, les quiproquos, le désespoir et les bonnes intentions de chacun sont touchants et très drôles.
Personnellement c'est vraiment une pièce à voir jouée car à lire on s'emmêle un peu les pinceaux entre les langues, les traductions....
-Fighting over Berveley:
Un triangle amoureux entre personnes de 70 ans. Beverley une anglaise qui était fiancée à Archie (anglais lui aussi) pendant la guerre, rencontre à cette époque un jeune soldat américain Zelly dont elle tombe amoureuse. Elle part avec lui, laissant Archie tout seul avec son amour.
Il lui reste fidèle toute sa vie n'arrivant pas à tomber amoureux de quelqu'un d'autre.
Ils ont 70 ans, Zelly et Beverley ont une fille, Cecily, qui a maintenant 40 ans et qui rentre à la maison un weekend en pleine crise conjugale quand arrive Archie.
Il veut récupérer Beverley pour passer la fin de ses jours avec elle, estimant que Zelly l'a eu pour lui assez longtemps. Bien sûr tout est loin d'être aussi simple.
L'histoire est touchante, les dialogues sont incisifs, drôles et violents.
Cette pièce questionne le mariage et son enfermement parfois, le mal qu'un mauvais mariage peut faire aux enfants, le bonheur, le manque de la terre natale qui ne s'efface jamais, ce qu'il faut pour faire un couple, la liberté...
-Free Gift:
Roselle est une femme blanche assez agée et Heather une femme noire plus jeune qu'elle. Roselle a adopté avec son mari un petit garçon noir, Max, quelques années auparavant lorsque celui-ci avait été déposé devant la porte encore tout bébé.
Heather vient prendre le thé chez Roselle, qui élève maintenant Max toute seule depuis la mort de son mari. Heather et elle ne semblent pas se connaitre. Heather vient pour soi-disant vendre des assurances vies. Au fil de la conversation les langues se dénouent et l'on comprend que leurs vies se sont croisées auparavant et qu'il y a beaucoup de choses à rattraper, beaucoup de choses à accepter, pardonner, avouer.
Cette pièce pose la question de l'adoption, du droit de la mère biologique et du droit de la mère adoptive, de l'amour envers l'enfant des deux côtés..
Une superbe pièce.
-My old lady:
"Très chère Mathilde" en français, joué en ce moment au théâtre Marigny avec Line Renaud dans le rôle de Mathilde.
Mathilde une vieille femme française vit dans un appartement avec vue sur le jardin du Luxembourg.
Mathias, une américain complètement fauché et raté, dont le père vient de mourir arrive pour prendre possession de la seule chose que son père lui a légué, l'appartement.
Seulement l'appartement est en viager, c'est-à-dire qu'il a été racheté à Mathilde pour très peu d'argent mais qu'il appartiendra définitivement à Mathias une fois que Mathilde sera morte. En attendant il doit payer les charges pour elle.
Mathilde, Mathias et la fille de Mathilde, Chloé, font connaissance après s'être détestés, se racontent leurs vies, leur souffrance. Mathias comprend peu à peu que son père a voulu qu'il rencontre cette femme qui avait changé sa vie, celle de son entourage et de celui de Mathilde.
Encore une pièce très touchante, qui parle du mal que l'amour entre deux personnes peut faire à leurs familles, de la culpabilité, de l'importance de la famille par rapport à l'argent...
-Un drôle de mari français:
Pièce très courte, violente, noire et drôle.
-Lebensraum:
Le titre signifie "la pièce à vivre" en allemand.
Le chancelier allemand se réveille un matin avec l'idée du siècle pour effacer la culpabilité toujours présente des allemands pour avoir fait tuer 6 millions de juifs durant la Shoah. Il fait une annonce mondiale pour inviter 6 millions de juifs du monde entier à venir vivre en Allemagne où on leur promet la nationalité, une maison, du travail..
On suit différentes personnes, différentes familles de tous bords, des allemands non-juifs, des juifs américains qui acceptent l'offre, des juifs d'Israël, des adolescents, des adultes, des gens heureux, des gens méfiants, des gens qui veulent pardonner et oublier, des gens qui ne veulent surtout pas pardonner ni oublier...
Cette pièce pose la question de la dette morale allemande et de la culpabilité que peuvent ressentir les nouvelles générations pour ce qu'on fait leurs parents et grand-parents. Y-a-t-il un moyen de se faire pardonner, de réparer, d'enlever ce fardeau, de soulager la douleur des allemands et des juifs. L'anti-sémitisme reviendra-t-il toujours? Est-ce qu'essayer de régler un problème n'en crée pas un autre encore plus grand? Et puis comment retrouver l'amour entre des peuples qui se sont fait tant de mal?
Je pense que c'est ma pièce préférée pour l'instant de cet auteur.
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